Haïti : Bilan des crises 2018-2023 – Engagement ministériel pour la relance du secteur touristique

Entre insécurité, instabilité politique et pandémie mondiale, le secteur touristique haïtien a traversé une tempête sans précédent. Une étude officielle met en lumière les impacts profonds et persistants de cette crise sur les entreprises locales.

De 2018 à 2023, le tourisme haïtien a été frappé de plein fouet par une succession de chocs : crise politique, insécurité croissante, catastrophes naturelles et pandémie de COVID-19. Le Ministère du Tourisme, à travers une récente évaluation, dresse un tableau alarmant des effets économiques et sociaux de ces turbulences sur les entreprises du secteur.

Un secteur à genoux

Dès 2019, les blocages massifs et les manifestations violentes du mouvement peyi lòk ont déclenché une chute brutale de la fréquentation touristique. L’insécurité généralisée a rendu les déplacements quasi impossibles. En 2020, la pandémie est venue paralyser les rares activités restantes, avec une fermeture des frontières et un effondrement total du trafic aérien.

Le secteur hôtelier a été l’un des plus touchés. Selon l’Association Touristique d’Haïti (ATH), le taux d’occupation moyen des hôtels est passé sous la barre des 10 %, voire 5 % dans certains cas extrêmes. Une situation intenable.

« Le chiffre d’affaires n’a fait que diminuer, alors que les charges d’exploitation et les coûts fixes liés à la sécurité et à l’électricité n’ont fait qu’augmenter », note l’ATH.

En 2020, Haïti n’a reçu qu’environ 203 000 touristes – contre plus d’un million quelques années plus tôt. Résultat : plusieurs hôtels ont fermé leurs portes, et plus de 66 % du personnel a été licencié.

Des pertes économiques majeures

Le rapport fait état d’une baisse dramatique des recettes touristiques et d’une perte massive d’emplois. En 2017, Haïti accueillait près de 1,3 million de touristes. En 2022, ce chiffre est tombé à environ 938 000.

Le ministre du Tourisme, dans un mot d’introduction, souligne que ces événements ont non seulement paralysé le secteur, mais ont également mis en évidence les faiblesses structurelles du pays. Il évoque entre autres le manque d’infrastructures adaptées, la dépendance à une offre touristique limitée et la vulnérabilité face aux catastrophes naturelles.

Vers une relance nécessaire

Malgré ce contexte difficile, le rapport propose des pistes pour relancer l’activité touristique. Il recommande de :

renforcer la sécurité ;

moderniser les infrastructures ;

diversifier l’offre touristique ;

et encourager l’investissement, notamment dans l’agriculture, l’économie orange et l’agro-industrie.

« Le tourisme doit devenir un levier stratégique dans la relance économique nationale », affirme le ministre. Il insiste sur le potentiel réel d’Haïti comme destination de renom dans la région caribéenne.

Cette étude, commandée par le Ministère du Tourisme, met en lumière l’ampleur des dégâts subis par les entreprises touristiques haïtiennes. Elle sert aussi d’outil de plaidoyer pour attirer des investissements publics et privés. À condition que la stabilité politique et sécuritaire revienne, Haïti pourrait encore faire de son patrimoine naturel et culturel un moteur de développement durable.