Destruction du commissariat de Mirebalais : la PNH aux abonnés absents
- Joel Agoudou
- il y a 3 jours
- 2 min de lecture
Le commissariat de Mirebalais a été réduit en cendres ce mardi 16 avril par des membres lourdement armés du groupe criminel « Viv Ansanm », sans qu’aucune intervention policière ne vienne troubler leur opération. Les assaillants ont eux-mêmes filmé l’attaque, diffusant des images glaçantes de la scène sur les réseaux sociaux : des locaux saccagés, dans un silence pesant, comme pour souligner l’absence criante de l’État.

Quelques jours plus tôt, c’est le commissariat de Saut-d’Eau, toujours dans le département du Centre, qui subissait le même sort. Deux postes de police détruits en moins d’une semaine, sans la moindre réaction concrète des autorités. Cette inaction en série soulève de graves questions quant à la capacité – et à la volonté – de la Police nationale d’Haïti (PNH) à protéger les populations, et met en cause la gestion de la crise sécuritaire par la Direction départementale du Centre et le directeur général de la PNH, Rameau Normil.
Pourtant, la PNH avait annoncé, il y a plus de quatre jours, l’envoi d’unités spécialisées et de matériel pour renforcer la sécurité dans cette zone sous haute tension. Mais jusqu’ici, aucune trace visible de ces renforts. Pendant ce temps, les gangs étendent leur emprise, dictant leur loi, en toute impunité.
À Mirebalais, les bandits ne se sont pas contentés de démolir les infrastructures policières : ils ont également pillé plusieurs commerces de la ville. Des camions remplis de marchandises volées circulent librement, images à l’appui. Pour les habitants, le sentiment d’abandon est total. L’État, une fois de plus, brille par son absence.
Face à ce mutisme institutionnel, la confiance envers les autorités policières s’érode chaque jour un peu plus. Pour de nombreux analystes, l’inaction de la PNH ne peut plus être attribuée à un simple déficit de moyens. Elle traduit un dysfonctionnement profond, un effondrement du commandement, voire une complicité tacite entre certains hauts responsables et les groupes armés.
Dans un pays où les institutions vacillent, la destruction successive de postes de police, sans aucune riposte, ne saurait être banalisée. À Mirebalais comme à Saut-d’Eau, l’État recule, et les criminels avancent. La PNH doit des comptes à la nation. Et les responsables de cet échec sécuritaire doivent, tôt ou tard, être identifiés et sanctionnés.
LE REFLET
Comments